Ses critiques Théâtre dramatique: Antigone -Précipitez-vous, il reste peu de dates ! Antigone, mis en scène de Betty Pelissou. Comme une partie d'échecs que seuls les dieux gagneront. Pions noirs, pions blancs. Ismène, pion noir, elle n'a pas su s'opposer, elle est déjà sur le plateau, quand le public entre dans la salle. Elle attend comme nous, et nous lui ressemblons. Comment réagirions-nous à la demande qui va lui être faite ? Elle nous ressemble, comme le gardien, qui se serait bien passé d'annoncer que le décret royal a été bafoué, il ne demande qu'à ce qu'on le laisse tranquille. Il annonce ce qui fâche, récusant toute responsabilité et lorsque la coupable est trouvée, il l'arrête, fait son devoir, surtout ne veut plus être responsable de rien. Sa crainte, quand il explique qu'il ne voulait pas venir, mais qu'il n'a pas eu le choix, apporte la touche comique à cette tragédie. Il nous fait sourire, dans ses maladresses, sans doute parce que nous reconnaissons là nos faiblesses. Pions noirs, tous ceux qui se soumettent au pouvoir de Créon et même le choeur, qui ne semble être plus que le confident, le conseil qu'on n'écoute pas, sauf lorsque c'est trop tard. Pions blancs, ceux qui refusent ce décret. Polynice a droit, comme son frère, Etéocle, à sa sépulture. Antigone, petite fille grandie trop vite, elle arrive, de blanc vêtue, sur le plateau, pour annoncer sa décision, proposer en vain, sans volte-face possible, à sa soeur de la suivre. Antigone, Lucille Arnaud, a le physique d'Alice, mais elle n'attend pas la fin pour se rebeller contre le pouvoir, elle est révoltée déjà et ce n'est pas un rêve. Quelle intensité dramatique dans l'interprétation ! Quelle émotion à dire adieu à toute la vie qu'elle n'a pas accomplie par obéissance au pouvoir des dieux, mais surtout par devoir d'amour pour son frère ! Hémon, le fiancé, pion noir et blanc, il doit obéir à son père (noir), mais il ose enfin lui dire ce qu'il ressent et ce que tout le peuple ressent (blanc). Créon, le pouvoir. C'est la première fois, depuis Laios, qu'enfin, il a le pouvoir. Exit Oedipe, Etéocle, la lignée masculine est tarie, c'est son tour. Une femme ne peut pas prendre la succession... et le propos de Créon le martèle suffisamment, une femme ne peut pas avoir raison. Fort heureusement, Créon est bien seul, Hémon ne le suit pas dans ses certitudes et tous les autres rôles, même le Choeur-coryphée et le gardien, sont féminins et l'isolent dans sa misogynie obtuse. En attendant, Créon savoure. Il veut jouer de son autorité, quitte à braver les dieux. Etéocle a défendu Thèbes. Il sera enterré. Polynice, l'ennemi, mais le frère pourtant, devra pourrir, pour n'être pas accueilli par les dieux. Sébastien Ory, joue à merveille cette satisfaction, plus sa nièce enrage et lui montre ses torts, plus il semble se réjouir jusqu'à ce qu'enfin Tirésias, devin fantomatique, noir lui aussi, (cette couleur était donc dès le depart, présage de malheur), le déstabilise. Mais il est trop tard. C'est une tragédie. Même les blancs ont perdu. Antigone pouvait être sauvée, in extremis, Créon avait enfin compris. Mais... c'est une tragédie... de Sophocle, V siècles avant notre ère, et pourtant, très actuelle dans ses propos (comment ne pas penser à des dirigeants, si sûrs d'eux, et à leurs opposants sacrifiés ?). C'est jusqu'au 21 avril. # écrit le 09 Avril , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
| -Un ravissement que Le ravissement d'Adèle Quand Adèle disparaît se révèlent les caractères, les rancoeurs, les malaises, les déceptions et toute cette noirceur nous fait rire, tant le texte est percutant, tant la mise en scène est vive. Aucun temps mort,les transitions sont aussi des moments de jeu. Des références à foison ! # écrit le 07/01/23
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