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Théâtre contemporain: Tout va bien, merci !

-Une pièce qui m'a remuée
Un texte fort, sur une thématique difficile, des comédien.ne.s investis, et une salle qui renforce la sensation d'immersion et de huis clos, parfois jusqu'au malaise. C'est aussi ça, quelquefois, le théâtre.
# écrit le 19/02/20 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com

Théâtre classique: Richard III

-Un cheval, mon royaume pour un cheval !
Si Shakespeare compte parmi mes auteurs préférés, je dois avouer qu'il y a bien longtemps que je n'ai plus parcouru ses oeuvres. J'ai donc lu Richard III il y a plusieurs années, et ne me souvenais plus de l'intrigue en allant voir ce spectacle. Peu m'importait, à vrai dire. J'aime parfois me donner la chance de redécouvrir complètement une oeuvre. Tout d'abord cette affiche, avec le véritable crâne de Richard III, récemment authentifié, me plaît, car elle ancre la pièce dans une certaine réalité. Comme si l'oeuvre ici présentée n'était pas une oeuvre de fiction, chose tout à fait cohérente puisqu'elle met en scène des personnages historiques. Le spectateur pénétre dans la salle par le fond de scène, à travers une grande porte à double battant, comme une invitation non à venir simplement assister au drame qui va s'y jouer, mais plutôt à y prendre part, comme témoin. L'entrée en scène de Richard, qui n'est encore que Gloucester, confère une certaine solennité au début de cette pièce, qui va se diffuser sur la longueur de son premier monologue et bien après. Shakespeare est, si vous me permettez la comparaison avec l'opéra, un peu comme Verdi : tellement populaire et tellement célèbre qu'on le croirait facile. Or, comme la musique de Verdi, bien plus complexe qu'elle en a l'air de prime abord, le texte de Shakespeare est particulièrement difficile à dire. Peut être parce qu'il est un peu ancien, peut-être parce qu'il n'offre pas la musique des alexandrins qui structure plus aisément un vers, peut-être parce qu'on ne peut y céder à la facilité sous peine de le rendre incompréhensible. Pour toutes ces raisons, réussir à rendre le texte audible est, déjà en soi, une réelle performance que tous les acteurs ici nous livrent. Le texte seul ne suffisant bien évidemment pas, il faut également y ajouter la difficulté du jeu, particulièrement avec un texte ancien, où intentions comme intonations sont bien plus complexes à trouver pour transmettre l'émotion au spectateur moderne qui parle un langage différent. C'est cette difficulté que les comédiens surmontent ici de façon inégale : la plupart le font brillamment, quelques autres avec difficulté, rares mais d'autant plus visibles par contraste, trop concentrés sur leur diction pour réussir à insuffler l'état d'esprit de leur personnage. Mais peut-être simplement est-ce le problème d'un soir. Avec le spectacle vivant, on ne sait jamais trop. Dans son ensemble cependant, cette production joue la carte de la sobriété et tire parti de la structure particulière de la scène pour créer des espaces d'intimité, et ainsi mettre en valeur le texte de Shakespeare et le jeu de ses interprètes. Par manque de comédiens ou par choix, le nombre de personnages a été réduit, et c'est tant mieux, concentrant une fois de plus l'attention sur le coeur du drame. Pour résumer, voici donc une production dotée d'une mise en scène classique et sobre, et de comédiens pour la plupart parfaitement à la hauteur. De quoi redécouvrir cette oeuvre si sombre avec grand plaisir !
# écrit le 11/11/13 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com

One man show: Clément Lanoue dans Cours d'amour

-Hilarant !
attention mesdames, humoriste de talent ! Ou plutôt, devrais-je dire, professeur de talent car ce one-man show prend la forme d'un cours, exclusivement réservé aux femmes. clément Lanoue propose à ses élèves d'un soir de leur révéler toutes les astuces des hommes pour les prendre dans leurs filets. Preuve que certains s'en inquiètent (ou viennent en prendre de la graine), quelques membres de la gent masculine pourtant interdits d'entrée, tenteront (non sans un certain succès) de se faire passer pour des demoiselles pour pénétrer dans la salle, à grand renfort de jupes, bijoux et maquillage. Autant vous dire que le spectacle commence parfois dès la file d'attente. Ce jeune humoriste vous est peut-être inconnu. Pour ma part, je l'avais découvert il y a quelques années dans son précédent spectacle, où je l'avais trouvé hilarant. Moins conventionnel, ce nouveau spectacle est également plus interactif, grâce à un mélange réussi de textes de d'improvisation. Ce "Cours d'amour" permet de passer une excellente soirée en compagnie d'un charmant professeur qu'on aurait adoré avoir au lycée !
# écrit le 14/07/12 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com

Festivals: Transes sexuelles ou comment soigner la migraine des yeux

-Un bon moment
8 amis se retrouvent après quinze ans, et ces retrouvailles ne manquent pas de surprises: chacun a changé, vécu des traumatismes, fait des psychothérapies, et pour la plupart, ont appris à s'assumer: Homme, femme, homo, hétéro, transexuel, au fond, peu importe puisque les barrières sont floues, la confusion des genres s'avérant un des ressorts majeurs de cette comédie enlevée par des acteurs qui donnent le meilleur d'eux-mêmes. Certains y verront un hymne à la tolérance, d'autres plus simplement le reflet de notre époque...Au fond, peu importe la manière dont le spectateur interprète cette pièce, l'essentiel étant qu'on ait passé un très bon moment !
# écrit le 19/12/07 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com

Théâtre musical: Tout Offenbach ou presque !

-Une fausse bonne idée
L'opérette est un art plus compliqué qu'il en a l'air, car si celle-ci est plus populaire que l'Opéra, la technique et la qualité de voix sont, elles, similaires. Or, avec cet aspect très vivant, très théâtral de l'Opérette, on en néglige souvent l'aspect vocal. Toutefois si vous me demandez mon avis, lorsqu'il s'agit d'incarner des personnages d'Offenbach, à un chanteur magnifique qui ne sait pas jouer, il vaut mieux préférer un chanteur un peu moins bon vocalement (j'ai bien dit un peu) mais excellent acteur. Finalement, l'opérette demande surtout d'être très complet. Je précise tout cela, car c'est important pour bien comprendre la suite de ce post. Car ma déception a été à la mesure de mon enthousiasme prématuré : le spectacle, sorte de de fourre-tout sans logique, n'est même pas vraiment sauvé par la prestation générale des acteurs. Il a été, sans aucun doute, construit à l'envers, croyant que ses effets tiendraient lieu de structure. Or, le point de départ de tout spectacle est avant tout l'histoire. On l'habille ensuite de texte, de danse, ou, dans le cas de ce pot-pourri d'airs d'opérette, de chansons. Viennent ensuite la mise en scène qui anime l'ensemble. Ici, on a l'impression que l'on a mis sur la table les morceaux d'Offenbach que l'on souhaitait proposer au public, et qu'on a ensuite cherché comment les relier coûte que coûte avec une histoire en y ajoutant une dose conséquente d'humour, et tant pis si l'ensemble est bancal ! Je mesure tout à fait le travail des comédiens-chanteurs, d'autant qu'un des présupposés de la mise en scène est d'utiliser toute leur palette de compétences artistiques : ils campent leurs personnages, mais jouent aussi la musique du spectacle. Si je suis incapable de juger la musique, je peux vous assurer que côté voix, à deux peut-être trois exceptions près, on entend très vite que leur formation initiale n'est pas celle de chanteur. Si chacun fait de son mieux, la qualité des voix pêche cependant trop souvent. Quant au jeu, il est correct, mais l'histoire sans autre intérêt que de fournir prétexte à chanter empêche les comédiens de créer émotion ou réel attachement envers les personnages, si superficiels qu'il en deviennent insipides. Construit à l'envers sur ses effets au lieu de faire reposer ces derniers sur une structure qui les auraient portés efficacement, oubliant que l'opérette repose sur des qualités de voix autant que sur le jeu, et confondant dynamisme et fouillis, ce spectacle est l'exemple même de la fausse bonne idée. Ou plutôt, de la mauvaise mise en application d'une bonne idée.
# écrit le 22/02/13