Si le genre comique du vaudeville repose d'abord sur le rythme, "Faites comme chez vous", la pièce de Bruno Lugan touche à l'essence du genre, tant les rebondissements & surprises y sont nombreux, tant l'écriture est rigoureuse et, conséquemment, ne manque de produire son effet, tant la mise en scène s'appuie sur le dynamisme des comédiens. Le vaudeville est une mécanique délicate à régler ; de là, souvent, les défauts de tant de pièces qui s'en réclament, et dont les "trucs" confinent à l'engrenage grossier et qui parfois grince et se grippe ; car tous les horlogers ne sont pas Suisses. Je n'ai entendu aucun grincement, aucun craquement lors de la représentation de "Faites comme chez vous". Sans doute, parce que le mécanisme est d'une élégante finesse, d'une complexité d'engrenages réussie, c'est-à-dire qui ne se voit ni ne s'entend. On rit de bout en bout, parce que le genre veut cela, lorsqu'il est d'excellente facture : le rire tire le rire, jusqu'à la chute du rideau. Et l'on sort du théâtre, avec l'impression d'avoir été joué, avec l'agréable impression d'avoir été roulé, la volonté cédant à l'instinct du diaphragme, dans l'hilarante machine du vaudeville, tel un Charlot des Temps modernes. C'est à la Comédie de Paris. # écrit le 21/05/08