Sous ses airs de tragicomédie familiale, Parle, c'est le portrait d'une classe sociale : celle qui, voyant le fascisme arriver, croit pouvoir continuer à faire des phrases en attendant que ça s'arrange. Celle qui préfère exhiber sa qualité d'âme plutôt qu'organiser le changement. Celle qui craint que tout change - parce que l'Autre lui fait peur, et qu'elle ne veut que parler à sa place, redoutant de lui laisser la parole.

Dans une langue poétique et férocement drôle, Noémi Lefebvre épingle la petite bourgeoisie cultivée, ses hantises, ses faux-semblants. Nous nous emparons de cette écriture avec l'infinie sincérité qu'autorise le jeu, bien décidés à plonger au coeur de cette satire sociale qui nous parle de nous, et qui ouvre des brèches vertigineuses dans nos fausses certitudes. A la fin il faudra bien s'y résoudre : eux, c'est nous.