La nuit s'abat sur le jour. Dans la moiteur des volutes d'encens, un cri retentit qui troue le silence. La voix du poète s'élève alors, lente et puissante. Ici commence le voyage au centre de la vie.

Un temps. Une minute. Deux comédiens. Masculin et féminin se confrontent, se confondent, s'opposent, se mêlent, se détruisent, se désirent dans l'espace sacré d'une scène atemporelle.

Prendre le temps, le mesurer, le ressentir. Dans cette danse de l'intime et de l'universel, la minute devient instant. Instant fugace ou instant d'éternité, instant fragile ou instant installé. Au coeur de cet éphémère perpétuel, la question de la parole est posée. Parole comme forme de libération, parole créatrice parfois destructrice. Jusqu'où peut-on aller dans le dire? Le silence fait-il partie de la parole? Lui est-il consubstantiel ?

Le lieu de la parole, comme retranché de la vie, est le lieu de tous les possibles, mais aussi celui de tous les dangers. Les comédiens, comme hors de la scène de la vie, mettent en mots l'essence même de la Vie.

Spectacle poétique emprunt d'onirisme et de symbolisme, Minutes est aussi le reflet d'une certaine brutalité de la réalité. Dans une recherche permanente d'absolu, la parole est au centre du monde prenant racine dans les entrailles de la vie et s'épanouissant dans les nuages du Merveilleux. La Poésie se manifeste alors sous forme d'Art, reflet de la vie aux mille éclats de couleurs.