Imaginez une situation presque insignifiante : un gamin arrêté par un flic. On voit ça tous les jours... Une arrestation sans motif véritable. C'est un problème ? Non, juste une situation quasi insignifiante. Vous doutez ?

A peine, un poil, que du banal, qui certes pourrait virer au drame... si l'écrivain Mario Batista n'avait décidé de muer l'affaire en comédie cinglante.
Pas d'intrigue destinée à provoquer notre indignation, encore moins nos bons sentiments. C'est essentiellement une histoire de Parole. La voix du flic domine. D'humiliations attendues en éructations acerbes, le gamin, à l'égal du spectateur, est assailli par un déferlement de mots qui transforme la situation presque insignifiante en évènement quasi inouï. Il n'y a pas de psychologie là dedans.

On assiste plutôt à la farce tragiquement humaine de l'homme qui userait jusqu'à la corde l'illusion de son pouvoir. Le flic parle pognon, taule, ordre, trouille... le flic parle flic, jusqu'à ce que la peur qui le taraude cogne nettement à nos oreilles.
Et mot à mot, sourd finalement la vague de nos propres sentiments impossibles. Voyeurs, circulez ! C'est la part d'invisible en nous qui sera sollicitée ici, pour mieux défier notre ordinaire, s'introduire dans la faille du presque banal, et vivre tout autrement la scène annoncée.