-Détournement volontaire pour faire la nique à Miss Despentes
6/10
De la joie, du bonheur, de la santé et surtout plein de glamour ! Quoi demander de mieux pour l'année 2016, lorsque Lauréline Romuald se joint à la troupe des 411 pierres, l'élite française de la beauté et de la séduction, pour présenter des voeux de bonne année spécialement dédiés aux fans et aux amateurs des Déchargeurs du monde entier ? Dans les coulisses les plus exclusives de la capitale française, Ludivine Delahayes, Anissa Kaki, Célia Cordani, Marie-Julie Chalu et toutes vos danseuses préférées des Déchargeurs se préparent à célébrer la nouvelle année. Et pour débuter 2016 en beauté, quel meilleur endroit que le Temple de la Féminité et du Chic à parisienne, où des magnifiques danseuses classiques interprètent des envoutantes chorégraphies habillées principalement de sublimes jeux d'ombres et de lumière ? # écrit le 16/01/16
Vous êtes-vous déjà demandés pourquoi le théâtre contemporain rechignait à utiliser la langue chatiée des grands classiques ? Diverses raisons à cela : L'influence de la télévision et du réalisme à tout prix, le désir de coller au plus près à la sensibilité d'un public dont on sous-estimerait les exigences. Et pourtant, qu'il est bon d'entendre une aussi belle langue avec des tournures épatantes, dont je me dis qu'elles pourraient figurer un jour au programme de nos futures générations d'élèves. Le texte de Macian-Colet est ciselé, intelligent et drôle. Et pourquoi se devrait-il d'être réaliste, puisque les personnages eux-mêmes ne le sont pas ! Ou alors, il faudrait admettre qu'un père incestueux un tantinet nécrophile, qu'un voisin impuissant et pervers proposant des pratiques zoophiles à ses partenaires, qu'une sexagénaire déprimée débutant dans la prostitution ou qu'un ange dépourvu de sexe sont des personnages du quotidien ! Le 5ème personnage, la jeune fille recluse et violée par son père, victime de mutisme dans la première moitié de la pièce, est sans doute le moins pétillant du lot, mais c'est aussi le rôle qui permet le moins d'extravagance comique. Car il faut bien dire qu'il s'agit ici d'une comédie "hénaurme", rabelaisienne, à la fois loufoque et murement réfléchie, où l'on évoque en permanence des monstruosités, mais avec légèreté. Car la subtilité et l'élégance du texte font tout passer avec bonheur. Le jeu des 5 comédiens est lui-même irréprochable. Ils incarnent à la perfection ces stéréotypes de paumés, en total décalage avec les codes de la société humaine. Le père pervers, incarné par Régis Ivanov, a l'élégance exquise d'un tortionnaire sadique, que vient contredire un physique rond et rassurant à la Devos. A lui seul, il donne à la pièce puissance et solennité. Xavier Béja, qui interprète le voisin impuissant et zoophile, est un comédien surdoué. Il a une palette de jeu incroyable, sautant sans transition de l'accablement à l'euphorie, déployant une énergie rare, alors qu'il fait voler les encyclopédies à travers la scène au rythme de ses monologues déjantés. Sa victime - et aussi la grande surprise, pour moi, de cette pièce - c'est le rôle de la vieille prostituée, tenu par Marie-Véronique Raban. Elle est douce et touchante. Sa manière de se plier de bonne grâce aux lubies insensées de son client nous rappelle combien la condition des femmes peut être parfois humiliante. La comédienne s'en tire avec brio. Elle a un vrai potentiel comique, que la qualité des dialogues mis dans sa bouche révèle de manière éclatante. J'espère la revoir bientôt dans d'aussi beaux rôles ! Les 2 derniers interprêtes, Marilou Mahé, qui incarne la jeune fille et Maxime Vambre, l'ange eunuque, ont sans doute des personnages moins hauts en couleur à défendre, mais leur sensibilité, leur finesse d'interprétation permettent à ces personnages d'exister de manière évidente devant nous. Je saluerai également l'admirable travail de mise-en-scène d'Emilie Le Borgne, assistée par l'auteur. Ensemble, ils ont fait preuve de créativité et d'efficacité. Les déplacements des comédiens paraissent parfaitement coller aux dimensions de la salle des Déchargeurs, ce qui n'était pas gagné d'avance ! Encore bravo à toute la troupe ! Et vous qui cherchez un bon spectacle à voir, à la fois drôle et intelligent, ne manquez pas l'occasion d'assister à l'une des premières représentations de ce qui deviendra sans nul doute, un jour, un classique du théâtre ! # écrit le 07/01/16
Irma Rose apparait d'abord devant nous telle une trentenaire délicieuse et complexée. Elle est "Stéphanie" qui n'ose pas avec les garçons et pourtant son physique avantageux donne immédiatement tort à ses propos. Elle redoute les Noëls et toutes ces fêtes où on lui propose systématiquement de venir accompagnée. Apparemment, l'éventualité de trouver chaussure à son pied constitue un obstacle insurmontable pour elle. On ose espérer qu'il n'en est rien pour la jeune et jolie comédienne. Puis, peu à peu, viennent s'immiscer dans son récit une galerie de personnages savoureux, qu'elle incarne avec humour et réalisme. Il y a d'abord "Noémie", sa meilleure amie, mariée, très coquette, à la voix un peu pincée. On se rend vite compte qu'elle déprime et que tous ses propos constituent un plaidoyer contre la vie de couple. Puis s'y ajoutent les jumeaux de cette dernière, deux ados (un peu trop caricaturaux) qui parlent le "djeuns" à la manière d'un banlieusard du 9-3 et d'Elie Semoun époque "Petites annonces". La scène où "Noémie" raconte les trésors de patience qu'elle est obligée de déployer pour faire venir ses ados à table est un petit bijou d'écriture. Arrive ensuite "Simone", la tante ch'ti qui n'a pas la langue dans sa poche et dont le parler un peu rauque n'est pas sans rappeler la comédienne Corinne Masiero, que personnellement j'adore. C'est à ce personnage que l'on doit les meilleures répliques du texte, des phrases cultes qui déclenchent à coup sûr l'hilarité du public. Dans ce bestiaire totalement surréaliste, on trouve également le mari de "Noémie" qui, de toute évidence, n'en fiche pas une rame à la maison, un belge, imitateur professionnel de Johnny, et "Mamadou" le copain slammeur des jumeaux. Ma préférée dans tout celà, c'est "Françoise", la mère de "Noémie". Elle est très classe, a une voix traînante un peu snob et est supposée être nymphomane. Pour la distinguer des autres convives, Irma à trouvé un gimmick : elle se remonte un sein à chaque fois qu'elle s'apprête à parler. Le talent d'Irma Rose est d'être aussi crédible quand elle joue une jeune femme de 30 ans, toute de naïveté et de douceur, et cette rombière dépravée, peut-être même avinée, qui doit frôler la soixantaine. Le spectacle "Irma rit Rose" est une réussite méritée pour cette comédienne éblouissante qui sait écrire, jouer et qui termine son spectacle par un enchaînement de danses plus délirantes les unes que les autres. Un grand moment de comédie et une totale réussite ! # écrit le 24/07/15
J'étais allé voir ce spectacle sur le conseil d'un ami, mais presque à reculons et en freinant des 4 fers, tant le thème de la pièce n'engageait guère à l'enthousiasme. Je me disais qu'une confrontation entre un SDF et un homme de passage, désabusé, aigri, voire depressif, ne risquait guère d'ensoleiller ma soirée. Et pourtant, la suite m'a donné tort... Il faut dire déjà que le texte de Jean-Louis Bourdon est un nectar que maints comédiens aimeraient se mettre en bouche. Chacune des phrases prononcées par l'un ou l'autre des personnages est l'écho de sa propre voix, de sa désespérance et des démons qui s'agitent en lui. Ce texte est d'une véracité confondante, d'un réalisme éblouissant qui agit sur nous comme une opération de la cataracte, venant rendre une vision parfaite à une société d'imbéciles, aveuglés par un faisceau de problématiques mesquines relayées par les médias. Les répliques confiées aux 2 interprètes, déjà cultes, sont autant de petits bijoux de subtilité et de drôlerie. Et oui, de drôlerie ! Car cette pièce est drôle. Même si le thème général en est la misère, tant sociale qu'affective, le traitement qu'en fait Bourdon rend ce spectacle jubilatoire. J'ai renoncé à dénombrer le nombre d'éclats de rire que le texte déclenchait dans la salle. J'ai gardé pour la fin les 2 acteurs : Thierry Nenez et Philippe Saïd qui, littéralement, se fondent physiquement et mentalement dans la peau des personnages. Ce tandem forme un duo de clowns tristes et magnifiques : Nenez en est l'Auguste, Saïd le clown blanc. Si le premier est plus dans la retenue et le réalisme à l'italienne (cf. Nino Manfredi dans "Affreux, sales et méchants"), le second traite son personnage avec une surpuissance qui, dès les premières joutes verbales, trahit le déséquilibre profond qui le mine. Tous 2 ont un charisme formidable, si bien que leurs confrontations qui tournent souvent à l'empoignade (ce spectacle est très physique), ont chaque fois un côté implacable et définitif. On se demande lequel de ces 2 dieux vivants l'emportera par la puissance de son jeu, mais l'auteur - qui a aussi signé la mise en scène - a décidé de renvoyer chacun des antagonistes dans son coin et le combat ne verra qu'un seul gagnant : le public ! # écrit le 20/07/15
L'excellente pièce de Claire Marine, brillamment interprétée par elle, est une création originale à plus d'un égard. Cependant, ce texte finement ciselé, qui traite de la misère sociale, de la solitude et de la dureté de la vie moderne dans les villes occidentales, aurait mérité un casting plus sélectif. Le pauvre Ibrahim El Kebir n'est pas à blamer, tant il fait de son mieux. Il récite sa partie comme s'il ne la comprenait pas, attendant systématiquement la fin des répliques de sa partenaire pour lancer les siennes. On attend avec impatience la reprise de cette pièce dans une mouture remaniée. # écrit le 18/07/15
Si le titre de cette pièce, MÂLE MATÉRIAU, dont on sait par ailleurs qu'elle aborde le thème du travestissement, peut rebuter les personnes peu attirées par les spectacles de cabaret travestis, qu'elle se rassurent ! Ici il n'est nullement question de patchouli ou de chinchillas ; le sujet est beaucoup plus grave : On y aborde la difficulté pour certaines femmes de se positionner en tant que fille puis épouse, dans un monde où seuls les hommes ont le droit de s'engager dans des actions valorisantes ou juste d'exprimer publiquement leur opinion. Intelligemment documenté à l'aide de citations historiques, cette pièce n'en est pas pour autant un pensum didactique. La sympathie communicative de l'auteur-interprète Isabelle Côte Willems et l'espièglerie du personnage qu'elle incarne confèrent à son jeu une rafraichissante vivacité. Si je devais apporter un bémol à ce concert de louanges, je dirais que l'interprète est encore trop charmante pour que l'on accepte la masculinité des hommes dans la peau desquels elle prétend se glisser. Même vêtue d'un costume et affublée d'une barbe, elle ne perd rien de sa douceur et sa voix garde des inflexions délicieusement féminines. Mais, qui sait ? Qu'aurait donné ce texte dans la bouche d'une fille-garçon un peu hommasse ? Peut-être est-ce là justement le secret de la réussite de cette pièce, authentiquement spirituelle et sans une once de vulgarité. # écrit le 10/09/14
Michaël Hirsch se hisse sans effort au niveau des plus grands. Ses sketches sur l'enfant qui veut comprendre le monde, l'adolescent et son rapport à l'art à travers des positions de doigts, l'adulte qui mène son enquête sur la mort de Dieu ou le vieillard qui a décidé de vivre couché sont autant de délicieuses vignettes parfaitement écrites (par lui-même), dignes de figurer un jour au programme des écoles primaires. Mickaël les dit avec gentillesse et légèreté, ce qui ne dispense pas le public de rire régulièrement aux éclats. Bémol à cette perfection : Le sketch sur les femmes à moitié conquises dès qu'elles rient aurait besoin d'être réécrit ou carrément supprimé. # écrit le 06/05/14
On n'a plus besoin de présenter Clair Jaz, un véritable phénomène de scène : tantôt horrible voire hystérique, tantôt aguicheuse et sexy, mais toujours drôle. Son nouveau spectacle qui épingle les accros du téléphone est une réussite majeure de la scène 2014. # écrit le 06/05/14