Célèbre dans les années soixante dix pour son réseau de jeunes filles, recrutées et formées par ses soins selon des règles strictes, Madame Claude développe élégance et raffinement pour une clientèle d'hommes très influents.

Quoi de mieux que le clown et le rire pour sublimer détourner et dénoncer un personnage sulfureux dont les motivations rimes avec argent sexe et pouvoir !

Travailler sur le personnage de Madame Claude, c'est travailler sur le personnage d'une femme résolument puissante.
A la tête d'un système très bien huilé, reposant sur la domination et la dépendance à l'autre, Madame Claude est à la fois berger et loup.

On s'y presse car Madame Claude c'est une institution. On peut gagner beaucoup d'argent. Mais cela a un prix, celui de voir son corps transformé, un corps qui devient outil de travail et rente. Madame Claude déshumanise "ses filles" en proposant quelques opérations esthétiques, refaisant, ici un nez, des seins, changeant là une coupe de cheveux, une couleur pour mieux cadrer avec les tendances du moment et satisfaire le goût des hommes. Puis du corps on en vient à coup d'humiliation, de chantage et de réprimande à perdre son libre arbitre, réduite à l'état de pur objet de désir.

Nous nous sommes donc attachés aux enjeux de pouvoir engendrés par un tel système.
Aujourd'hui qu'en est-il ? Madame laisserait-elle ses filles partir pour vivre une autre vie ? Madame balaierait-elle d'un revers de la main le #metoo en prétextant qu'elle n'a jamais forcé personne ? Que signifie exactement disposer de son corps librement ? Quel rapport entretiennent les femmes avec leur corps ? Qu'est-ce que la féminité ?

Ce spectacle "Madame" permet de poser mais aussi de distancier ces questions essentielles avec jubilation et poésie.